Chaque année, la fête des lumières fait partie des événements incontournables entre Rhône et Saône. Durant quelques jours, début décembre, la nuit tombée voit Lyon s’illuminer de lumières parfois étonnantes, d’autres mystérieuses, quelques fois époustouflantes dans des spectacles visuels et musicaux aux quatre coins de la ville.
Une façon plutôt féérique de lancer les festivités de fin d’année…
Bon, ça, c’est pour la présentation policée des dépliants touristiques. La réalité ? Pendant quatre jours, on en prend plein les mirettes, plein les oreilles, on découvre les trésors et les petits bijoux d’une cité deux fois millénaire classée à l’UNESCO… et on se presse les uns les autres, regroupé dans une foule compacte en grelottant, parce qu’en décembre, à Lyon, on se les pèle.
Rassurez-vous, aux Passionnés, on connaît tous les petits trucs et astuces qui permettent de profiter de la fête des lumières en évitant ses quelques petits inconforts… Suivez le guide !
La fête… de quoi ? des lumières ?
Mais qu’est-ce que la fête des lumières ? Vous allez me répondre : une fête, des lumières, des gens. Pas compliqué. Certes, certes. Mais les racines de cet événement sont en fait beaucoup moins évidentes.
Des origines historiques et religieuses…
En 1852, le clocher de la chapelle Saint-Thomas, située sur la colline de Fourvière à Lyon, part en réfection et doit, après reconstruction, accueillir une statue de Marie. L’inauguration en grandes pompes avec feux d’artifice, de Bengale et fanfares, prévue le 8 septembre, tombe à l’eau… la statue étant recluse dans l’atelier du fondeur à cause d’inondations imprévues. La voici repoussée au 8 décembre ; malheureusement, si la statue est enfin hissée sur le clocher, les festivités sont annulées du fait de violents orages.
Pour compenser, les Lyonnais décident d’allumer des lumignons et de les exposer à leurs fenêtres. Depuis, chaque 8 décembre, ils sont encore nombreux à disposer ces petits lampions… par tradition ou conviction personnelle !
… les lumières et le son à partir de 1989
C’est en 1989 que la municipalité propose, pour la première fois, des animations sonores et lumineuses autour de certains monuments à l’occasion du 8 décembre. Avant de transformer ce qui n’était qu’une simple coutume en événement sur quatre jours à partir de 1999 avec des spectacles dans toute la ville, de la pyrotechnie, de véritables créations sons et lumière… Avec le succès qu’on connaît.
En 2012, la fête des lumières avait ainsi attiré quatre millions de personnes, portant cette manifestation au rang de l’Oktoberfest ou du carnaval de Rio. Agoraphobes, s’abstenir !
Conseil n°1 : préparer son parcours
Les Lyonnais vous le diront : faire la fête des lumières en espérant flâner d’animations en animations sans programme particulier… c’est du suicide ! D’ailleurs, les Lyonnais vous confieront aussi qu’ils ont prévu, eux, de ne pas mettre le nez dehors durant ces quatre jours… Oui, il y a du monde, beaucoup de monde et, pour s’en sortir dans ces conditions, une seule solution : s’organiser.
Un plan pour se repérer
Parmi les impératifs, s’équiper d’un plan de la ville. Pensez que vous êtes à Lyon, une commune au centre-ville plutôt réduit, dont les repères géographiques sont forts avec ses deux collines, sa tour de la Part-Dieu… mais qui est coupée en trois par le Rhône et la Saône. S’il n’est pas compliqué de s’y repérer, s’y déplacer en ayant fleuve et rivière à traverser peut s’avérer ardu.
Le programme pour savoir où aller
Préparez donc vos trajets et leurs étapes à l’avance en vous aidant du programme officiel. Il s’agit évidemment de cibler les animations fortes et de les répartir tout au long de votre séjour (n’envisagez MÊME PAS d’enchaîner tous les spectacles en une soirée… vous n’en retireriez qu’un ras-le-bol absolu et des ampoules plein les pieds). En vrac, les lieux à ne pas rater : la place des Terreaux, la cathédrale Saint-Jean, le théâtre des Célestins, le parc de la Tête d’Or…
Les plus prévoyants pourront même télécharger l’application officielle Fête des Lumières, disponible sous Android et iOS, qui permet de découvrir les installations et de préparer son parcours.
Conseil n°2 : éviter les bains de foule et optimiser ses déplacements
Quand et comment faire la fête des lumières ? De deux façons : partir tôt ; partir couvert.
Programmez de partir tôt
Les plus malins le savent bien, il s’agit de faire les animations phares le plus tôt possible, à la nuit tombée, pour éviter le coup de feu de 20h-21h, où l’on privilégiera des animations secondaires.
Croyez-nous, ce n’est pas anodin : filtres et barrières de sécurité sont mis en place sur certaines places majeures pour limiter le nombre de personnes présentes, ce qui peut engendrer une certaine attente. Attente relative, néanmoins, puisqu’il s’agit d’une manifestation où les gens se déplacent…
Attention au froid !
Munissez-vous de votre plus belle doudoune, de gants, d’un bonnet, voire d’un parapluie. En décembre, à Lyon, il fait généralement frisquet.
Inutile de vous dire que vous n’aurez pas l’occasion de taper un footing au milieu du million de personnes quotidien pour vous réchauffer.
Des déplacements à pieds et en transports en commun
Autre astuce pratique : si vous ne logez pas en centre ville, garez la voiture à proximité d’une station de métro un peu excentrée (les parkings du centre seront de toute façon fermés).
Vous ferez le reste en transports en commun ; un ticket spécial est généralement mis en place pour la fête des lumières et le réseau est même gratuit le 8 décembre à partir de 16h.
Attention, tout de même : si Lyon est une ville très bien quadrillée par les métros, trams, trolleys et bus, il va sans dire que vous ne serez pas les seuls à vous y presser. Des files spécifiques sont d’ailleurs mises en place aux bouches de métro pour fluidifier et optimiser l’accès au réseau. En somme, prenez le métro pour aller au premier point de votre parcours, puis reprenez-le pour rentrer, mais évitez de l’utiliser entre les étapes.
Se balader avec des enfants ?
Et les enfants, dans tout ça ? Les lumières, c’est joli, d’autant plus en cette période avant Noël… Ce serait dommage de les en priver. Néanmoins, n’envisagez pas d’emmener vos bambins à pieds ou en poussette (si-si, certains tentent l’aventure en poussette…) dans les sites les plus fréquentés à partir de 20h, ce serait la crise de nerfs assurée… et juste parfaitement déraisonnable.
En revanche, rien ne vous empêche de vous prévoir la visite de plusieurs sites dès le lancement des spectacles, généralement à partir de 18h hors circonstances exceptionnelles (20h pour 2016). Organisez-vous des parcours plutôt courts, pour éviter de contraindre leurs petites gambettes à crapahuter aux quatre coins de la ville… et profitez-en avec eux !
Le petit conseil bonus
Offrez-vous une petite sortie lumignons le 8 décembre, une façon de revenir aux sources et de vivre la fête comme des générations l’ont vécue. En effet, les Lyonnais sont encore nombreux à mettre leurs petits lampions au fenêtres… Il y a 15 ans de cela, on sortait dans la rue ce soir-là principalement pour admirer les façades des immeubles illuminées – les animations n’étant alors qu’embryonnaires.
Conseil n°3 : se prévoir à manger !
Pour l’aspect pratique, privilégiez les sandwiches. Mais, si vous craignez la pluie ou le froid, vous pouvez vous laisser tenter par un bouchon lyonnais, histoire d’agrémenter votre balade lumineuse d’un instant de gastronomie bien chaleureuse… Pas sûr que vous ayez le courage de repartir ensuite !
Réserver sa table à l’avance…
Néanmoins, il vous faudra réserver longtemps, très longtemps à l’avance pour être sûr de dégotter une table dans un établissement un peu qualitatif. Si vous y parvenez, vous pourrez, à 20h, savourer vos quenelles en regardant à travers la fenêtre les gens saucissonnés les uns contre les autres et leurs souffles congelés…
… ou se faire des sandwiches
Si vous ne pouvez pas vous y prendre à l’avance, optez pour des sandwiches maison. Les kebabs et les saucisses-ketchup pullulent ce soir-là, mais c’est la meilleure façon de s’en tirer avec quelques tracas digestifs…
Enfin, les vrais de vrais prépareront leur vin chaud dans un petit thermos, même si vous trouverez de quoi prendre un verre à la sauvette à tous les coins de rue… À vous de voir !
Pourquoi la peste ?
Il est souvent expliqué, à tort, que c’est pour remercier la Vierge de les avoir protégés de la peste que les Lyonnais ont placé, en 1852, des lumignons à leur fenêtre. La confusion vient tout simplement d’une autre tradition…
En 1643, alors que la peste frappe l’Europe, le conseil municipal promet de rendre hommage chaque année à la Vierge si la ville est épargnée. Lyon évite l’épidémie… et la date du 8 septembre, jour traditionnel où les Catholiques fêtent la Nativité de Marie, est choisie pour la remercier en une procession montant à Fourvière.
C’est aussi pour cela que l’inauguration de la statue avait d’abord été prévue le 8 septembre 1852… avant que la crue de la Saône ne s’en mêle !