Les Jeux Olympiques, qu’ils soient hivernaux ou estivaux, sont toujours l’occasion de redécouvrir des sports étonnants, parfois improbables, qu’on avait eu le temps d’oublier en quatre ans. Des disciplines que l’on regarde avec un intérêt généralement vagabond, bercé par la voix et les imprécisions de Nelson Monfort, sans jamais bien en comprendre les tenants et les aboutissants…
Des sports pas toujours télégéniques, mais qui ont tout de même leurs propres histoires à raconter. Petit coup d’oeil à trois d’entre eux, que l’on vous interdit snobber durant ces jeux de Pyeongchang.
La star incontestée : le curling
Il est généralement LE sport qu’on moque gentiment quand on évoque les disciplines incomprises des JO : le curling s’est ainsi construit sa petite notoriété. Pour autant, ne nous mentons pas, il est très rare en France de rencontrer de véritables passionnés de ce sport pratiqué plus au nord.
La raison ? Le très faible nombre de licenciés, pas plus de 400, qui entraîne une sous-exposition médiatique, elle-même cause d’un faible intérêt du public – en un cercle vicieux qui frappe souvent les » petits » sports. Mais c’est aussi l’exigence technique de cette discipline, réclamant une glace absolument parfaite pour une pratique au haut-niveau ; et l’absence de halles spécialement dédiées au curling – auquel on s’adonne, du coup, dans des patinoires où il peine à se ménager une place.
Enfin, il s’agit d’un sport collectif ; pas facile, dans ces conditions, de voir émerger des individualités fortes parlant à toutes les générations, qui serviraient de locomotives, à l’inverse du biathlon qui, malgré ses quelques centaines de licenciés, a sorti Martin Fourcade, Marie Dorin ou Raphaël Poirée.
Un sport séculaire, pratiqué dans les plus grands pays
Et, pourtant, ne croyez pas que ces difficultés, cette confidentialité en France et les moqueries habituellement entendues soient universellement répandues : car le curling est l’un des plus vieux sports collectifs, créé en Écosse au XVIème siècle et pratiqué dans plus d’une cinquantaine de pays. Évidemment, les Scandinaves et les Britanniques en sont friands, tout comme les Canadiens ou les Suisses. Ces derniers ont pas moins de dix halles spécialisées (pour 8,5 millions d’habitants…). Allez, on va faire un effort, promis : on regardera et on encouragera, même si la France n’est pas qualifiée !
Le truc fun qu’on ne regarde pas : le bobsleigh
Le sport qui paraît cool par excellence. Des combis près du corps, des athlètes bien gaulés, un outil au design futuriste et une pratique hyper dangereuse pour des fondus de la vitesse qui dévalent des pistes de glace à 130 bornes à l’heure… Pas mal, non ?
Oui, mais voilà… Posez-vous dans votre canapé pour zyeuter du bobsleigh, vous aurez probablement du mal à tenir. Pourquoi ? Là encore, une question de télégénie. Une trentaine d’équipages se succèdent sur une piste étroite, la même pour tous évidemment, ne permettant aucun plan large… et tout se joue, semble-t-il, sur la capacité qu’aura l’équipage à bien prendre les virages, sans frotter les parois en sortie. Les connaissances techniques manquant généralement au commun des mortels, reconnaissons-le : on décroche facilement.
À 130 km/h, le danger est constant
Le problème est un peu similaire pour la luge et le skeleton. Ce dernier n’est pourtant pas loin d’être le plus impressionnant des sports pratiqués aux JO, les athlètes se plaçant sur le ventre, face à la pente. Avec des accidents qui peuvent être gravissimes dans les trois disciplines… Non que ce soit un argument pour regarder (!) – mais cela vous donnera peut-être une raison supplémentaire d’admirer ces barjots de la glisse aux moyens d’entraînement terriblement limités dans certains pays !
La discipline incomprise : le patinage de vitesse
Ce n’est pas faire injure à Alexis Contin, seul représentant français de la discipline à Pyeongchang, que de l’avouer : les années passent, mais on a toujours autant de difficultés à regarder le patinage de vitesse. Alexis va pourtant disputer ses troisièmes Jeux Olympiques et s’est déjà placé sur des podiums de Coupe du Monde. Il avait même échoué à la quatrième place sur 10 000 mètres à Vancouver, en 2010.
Le rêve de le voir décrocher une médaille en Corée nous incitera forcément à allumer la télé pour suivre ses passages, puisque la fibre patriotique et, surtout, la relative connaissance des enjeux (en l’occurrence : un Français peut viser un podium) demeurent des leviers d’intérêt fondamentaux pour les spectateurs lambda que nous sommes. Mais pas sûr que les regards passionnés que nous jetterons aux patineurs tout du long de leurs tours de piste survivront à la cérémonie de clôture, le 25 février prochain…
Alexis Contin, pour offrir une nouvelle visibilité à la discipline ?
Et c’est malheureux, car les athlètes tricolores sont généralement obligés de s’exiler pour s’entraîner convenablement et espérer percer. Une performance d’Alexis Contin permettrait-elle de changer la donne et les budgets ? Peut-être. Pas sûr, au vu de ses 31 ans. Elle offrirait néanmoins une visibilité enfin valorisante en France à une discipline dont on a surtout pu retenir, par le passé, les commentaires sexistes de Nelson Monfort…